Dans le paysage actuel de la bande dessinée, il est devenu fréquent de voir des personnages familers du grand public reprendre vie sous la plume de nouveaux auteurs. De Astérix à Blake et Mortimer, en passant par Boule et Bill, Benoit Brisefer, Les Schtroumpfs ou Michel Vaillant, les exemples sont légions. Dans la plupart des cas, sans il s'agit surtout d'alimenter les libraires en albums au fort potentiel de vente et force est de reconnaitre que les résultats sont souvent décevants pour qui a apprécié les originaux.Cependant, il est parfois de belles exceptions. L'actualité éditoriale nous en donne un exemple récent.
Bien connu pour sa série d'aventure Esteban, Mathieu Bonhomme avait déjà tâté du western dans Texas cowboys, qui constituait un bel hommage au genre, entre réalisme, humour et clins d'oeil au lecteur, le tout rehaussé par un graphisme exceptionnel de maîtrise. Ici, l'auteur reprend le personnage de Lucky Luke, dans un style assez différent de l'original (il ne s'agit surtout pas pour lui de copier servilement ce que Morris et Goscinny avaient si bien agencé) mais qui paradoxalement constitue un singulier hommage au genre western en général.
Tout y est : Saloons enfumés, trognes de bandits hautes en couleur, caravanes attaquées, duels au pistolet dans la rue, et au-dessus de tout cela, il y a notre héros favori, à la fois parfaitement reconnaissable mais aussi plus fragile et humain que d'habitude (Lucky Luke à la main qui tremble juste avant un duel auquel il ne peut échapper). Le scénario est plein de suspense (jusqu'au caractère très dramatique du titre), la mise en couleur est exemplaire et en prime, on apprend enfin pourquoi Lucky Luke ne fume plus ! Une réussite !